Dans cette quête absolue d'acteurs compétents au service d'une bureaucratie d'agents spécialisés, on a éliminé les profils pouvant emmener les vrais idées novatrices au sein de nos sociétés. Cette sélection s est fait dès le plus jeune âge ou l'enfant dit 'à problème', car soit trop turbulent, soit trop dans la lune, soit trop ci ou cela d'autre, sera progressivement mis à l'écart et constamment renvoyé à sa différence. Une différence non comme quelque chose de positif mais plutôt comme une incapacité innée à pouvoir se mettre dans les rangs aux yeux de la normativité institutionnelle.
L'une des réactions de cet enfant seras de se sur adapter à son environnement pour prouver être un bon élève du jeu social et dans ce cas de vivre toute sa vie celle d'une façade qu'il finira par confondre avec son vrais visage.
Il pourra 'réussir' en misant tout dans le modèle carriériste, en devenant pas le bon mais l'excellent élève du modèle présent qui l'a vu naître et grandir. Mais il deviendrait ce personnage trop connu qui aurait acquis tous les clichés liés à la réussite sociale; la maison de rêve, la liberté de pouvoir se déplacer partout dans le monde, la reconnaissance sociale, les loisirs par dizaines/centuples ... bref on connais la chanson.. mais qui ne trouverait pas le bonheur car toujours hanté par un passé étouffé sous un effort presque inhumain de censure propre. Tout un trajet de vie poussé et animé par une espèce de soif bestiale de conquête en même temps que de vengeance vis à vis des forces qui avaient voulus l'exclure lors de son enfance.
L'accompagneras jusqu'à sa tombe, s'il ne jette pas tout en cours de route pour parcourir le monde dans une caravane, le spectre d'un vide grandissant chaque jour qu il tenteras de résorber en se le cachant à lui même d'abord et à son entourage ensuite, sous peine de voir devant lui son château de cartes s'écrouler. Autrement il pourrait tout simplement éteindre cette voix pour de bon en incorporant définitivement le mensonge pour réalité, rompant ainsi le cordon ombilical avec son âme à jamais.
L autre option serait de tout envoyer chier dès le plus jeune âge et refuser l'option de jouer le jeu de réussite sociale. Allez hop basta, et ici on trouve bon nombre de nos amis artistes, anarchistes, hors-la loi, backpackers etc. Certains creusent l'horizon sans le moindre objectif ou rêve, vivant pleinement l'instant présent, d'autres en ont trop et ne trouvent nulle part le sol pour les enraciner dans le réel, d'autres agissent directement à l'encontre de l'ordre mais en se faisant continuent de nourir la dialectique intérieure du systéme, n'apportant pas de changement ou même bénéficiant des failles du système pour croitre, d'autres encore finissent par se classer confortablement et sans crainte pour l'ordre établi parmi les rangs des artistes institutionnels, des militants qui ne débordent jamais de leur cadre de contestation bien dessiné, et finalement il y aura les 'fous' qui eux aussi demeurent sans danger tant qu'ils demeureront sous cette nomination.
Certes, c'est certainement un modèle simplifié ici que je dessine, mais tout ce que j essaie de dire c'est que nos écoles, nos familles, nos cercles sociaux rapprochés, nos médias, tous dans le soucis de se rendre à la dictature du politiquement correcte ne font que creuser la censure. Censure qui vient ronger jusque dans la maille de notre essence première et qui a pour but l'édification d'un dialecte commun. Pas du même language verbale, mais plutôt le même code qui siège derrière l expression du language. Le code c est lui qui vient rigidifier notre façon de penser, d agir et tout ce qui s'ensuit. Il vient redéfinir et sculpter notre mode de conduite selon une exigence bureaucratique qui vise le modèle exemplaire.
'Il faut', 'du dois', s exprime toujours ainsi ma grande mère. Elle est issue de la première génération d'immigrants qui n'avaient d'autre choix que de performer leur rôle de bon élève.
L'hypocrisie générale voudrait faire porter aux marginaux le poids de leur dérive, accidentelle ou voulu. Le poids de leur désintégration sociale dans lequel ne fait qu'accroître le sentiment de révolte et d injustice strictement inéfficace qui les anime. Inéfficace car incompatible avec les modèles en place. Ils doivent assumer les difficultés d'insertion comme fardeau pour ne pas avoir voulu jouer correctement au jeu social. Comme si braver l'oppression institutionnelle vis-à-vis de leur être ne revenait pas d un effort surhumain d'adaptation qui trancherait par la même occasion la mort de leur personnalité fondamentale au profit de valeurs dans lesquelles ils ne croient pas. Suicide tes convictions ou vis à devoir grapiller les fonds des caisses pour chaque Moi durant le reste de ta vie.
Des morts sur des chaises parlant tous le même code, voilà à quoi sera dû l'incompétence du siècle présent à faire face aux problèmes qui nous sont posés. Pourquoi? Parce qu'on aura viré et exclu des universités, des écoles et des bureaux toutes les personnes farfelus pour leurs mots de travers, leur conduite anormale et suspicieuse, leur tempérament colérique, leur intelligence intuitive et non logico rationnelle, et ce pour favoriser les bons élèves. Et encore, seulement si les parents ne s'étaient pas eux même chargés à l'avance de 'discipliner' leurs enfant à la manière qu'on rends un animal docile et obéissant.
Mais alors ces gens vont toujours parler d'un autre Monde possible, un autre Monde à construire. Mais ayant été exclus des moyens et des ressources pour pouvoir se faire, c est un combat à main nu contre des machines surdéveloppé qu'ils mènent. Quel espoir y a t il?
Il faut que ce soit compris: l'innovateur pouvant emmener du changement par ses idées est strictement incompatible avec les méthodes que nos institution ont de créer des individus compétents.
L'innovation ne fait pas un bon élève car l'objet d'innovation ne prends jamais naissance à l'intérieur du cadre actuel, il vient du dehors. Le bon élève à besoin de l'innovateur tout comme l'innovateur à besoin du bon élève pour relayer ses idées vers l'intérieur du cadre.
Si l'innovateur est une personne -pour certains- exécrable en réalité, ou incapable de vivre en communauté, est-ce que ses idées avancées pour le collectif devraient être eux aussi rejetés?
C est juste une question que je me pose.
Alors quels choix se proposent aux marginaux?
-Se plier finalement pour ne pas mourir de faim
-se retirer dans la cambrousse et fonder des communautés
-mourir en écorché vif en consacrant leur courte vie à une œuvre qui seras par la suite ré approprié et tout de suite désacralisé par le marché capitaliste?
Quelle est la solution?
Comment ne plus se censurer, comment faire en sorte que ces personnes dont les idées peuvent s'avérer plus qu'utile dans le(s) monde:s a-venir puissent être inclus dans cette construction collective.
Qu'ils ne soient pas obligés de le faire en marge constamment au prix d'une lutte contre nature qui consiste à continuer de subsister avec le peu de moyens que leur position et statut leur confère. Qu'ils ne soient pas non plus obligés de le faire en devant tous les jours mettre un masque qui finiras inévitablement par changer la nature de leur pensée.
Et nous alors?
Le problème est que l'on critique les institutions pour manœuvrer cette censure mais eux se marrent bien de nous voir répercuter exactement les mêmes comportements dans nos petites bulles individuelles ou micro-collectives.
Ce que je veux dire par la c'est qu'a devenir de plus en plus sensible à ce que tel ou tel puisse dire, sans prendre la peine de relativiser, d'accepter une part plus grande duquel l'individu provient et de ne pas seulement se contenter de le réduire à tel ou à tel propos qu'il a pu tenir à ce moment là, un acte qu'il a pu poser, on finit par réduir de jour en jour la marge de rencontre réelle possible avec des individus en favorisant toujours les mêmes confrontation avec des images tout frais servis.
Certes, certains actes doivent être punis mais devrait on s'arrêter là? Ne devrait on pas chercher un moyen de réhabiliter une personne en lui offrant la possibilité de devenir quelqu'un d'autre dans son rapport avec le Monde, son extériorité?
Et si 80 pour-cent de criminels n étaient que des artiste incompris? Et si 80 pour-cent d'artiste incompris n étaient que des intellectuels avant garde? À côté de quoi passe t-on? On aurait jugé bon de brûler une personne un peu trop excentrique pour une remarque jugé sexiste, raciste, homophobe, alors que ce n était pas le cas. On l aurait fait par pure flegme intellectuelle en se campant sur des positions toutes tracés, sans vouloir aller chercher plus loin. Et si cette personne disait autre chose, et si cette personne était potentiellement un inventeur, révolutionnaire de la pensée ou que sais-je? Mais trop tard, au nom du politiquement correcte, les médias - avec l'aide du public sifflotant - l'ont déjà catégorisé dans cette rangé d'individus obscènes ou malades, rendant immédiatement toute lecture profonde de ses propos impossible.
Suis-je trop optimiste de penser qu en mélangeant ci ou cela du contexte, et qu'en leur donnant une écoute sincère et la possibilité de devenir quelqu'un d'autre, la plupart des individus - autre fois marginaux- feront le choix de marcher aux côtés de l œuvre collectif? Car malgré leur cwacks ils se sentiraient intégrés. Que leur modification personnelle ne se feras pas au pris d'une censure qui vas à l encontre de leur vie, mais plutot d'une volonté de prendre part au groupe. Mais ou est la limite?
Mais maintenant la tendance est tout au contraire; tout le monde se censure et tout le monde cherche le prochain ou la prochaine à être censuré. Pendant ce temps les organismes qui jouissent de nôtre incapacité à communiquer entre le lignes se font, disons le cash, un max de blé et nos libertés ne font diminuer tous les jours tandis qu'ils n'ont plus rien à faire car on devient les propres agents de notre suppression.
Je pense par exemple à ces gens qui, pendant cette période de confinement, seront les premiers à s'insurger en voyant un groupe de personnes se promenant dehors, allant même jusqu'à appeler les forces de l'ordre.
Avant d'accuser le système, voit quelle était la dernière fois que tu as exclu quelqu'un de ton cercle, intentionnellement ou pas, juste parce que cette personne exhibait quelque chose d'un modèle de réalité qui ne te convenait pas.. pour sa grossièreté, ses mauvaises manières, son machisme, son homosexualité.. qu'importe, ça pourrait être n importe quoi qui t aurait emmené à le percevoir comme 'ennemi', comme désobéissant à la catégorie de croyance et mœurs qui font de toi ce que tu est aujourd'hui. Seulement, très souvent on réalise que ces traits ne sont que des filtres premiers sociaux qui se dissipent au moment même où on rentre dans un échange empathique. Pour ma part j ai pu observer que quand les gens se sentent entendu, détendu, qu'ils ne se sentent pas sous la pression de rendre un role sociale, ils finissent par se dévoiler.
Donc la prochaine fois que quelqu'un dans un contexte sociale vous exacerbe par ses comportements ou propos bizarres, dérangeants, déroutants.. ALLEZ le confronter pour comprendre ce qu'il en est plutôt que de s'arrêter à ce jugement premier.
Soyons plus curieux, tirés à connaître les gens, et surtout soyons plus à l'écoute, plus conciliants pour les bizzareries des autres. Marre de voir des gens se rager dessus sur les réseaux sociaux dans la pire des manières pour un Rien du tout, une remarque déplacé, un commentaire maladroit.. ça ne mène à rien de bon.
Aujourd'hui et demain
Devant cette crise actuelle où il s'agit de faire valoir nos droits à tous et à chacun, il est capital de savoir rester à l'écoute de tout un chacun. Comment éviter de faire dire à certains ce qu'ils n'ont jamais dit, de leur prêter des intentions qu ils n ont jamais eu et de, sous couverture de justice sociale, ramener sur la scène publique des problèmes personnels en devenant soi même castrateur:trice de la liberté de penser, d'agir et de parler. En venir, dans toute cette agitation, à se boucher les oreilles à ce qui se passerait en arrière fond, et se réveiller un jour piégés par des forces et des agencements bien plus vastes qui mettreront en place un régime de contrôle plus accru de la population ainsi qu'une diminution radicale de nos vrais libertés, pas juste celles qui existent en tant que concepts. Il ne faudrait pas que au prix de nos petites libertés individuelles on finisse par perdre nos libertés en tant que race, et c'est ce qui se passeras si on continue de réagir au quart de tour, sans privilégier l'écoute, la compassion et la patience pour se donner le temps de creuser les choses que les gens disent, les creuser en profondeur pour pouvoir rentrer dans des dialogues qui ne servirait pas juste à marteler ses positions sur le visage de l'autre, mais à trouver un début d'entre deux. Par forcément une entente, encore moins un compromis; juste une zone ou l'un et l'autre se retrouve face à un objet qui chatouille les limites de leur logique propre et les oblige à appréhender ce qu'il est difficile pour eux de faire. Il n y a que comme cela que l on parviendrait à mûrir collectivement.